
Qu'est-ce-que le BIM ?
Le BIM, acronyme de l’anglais Building Information Modeling (que l’on pourrait traduire par Bâtiment et Informations Modélisées), est effectivement bien souvent résumé à un logiciel permettant de créer une maquette numérique d’un bâtiment. Or, outre cette représentation 3D qui résulte de la mise en commun de toutes les données d’un bâtiment, le BIM désigne avant tout un processus de structuration, de création, de production, d’échange, d’analyse, de gestion et d’exploitation de données intelligentes. La notion de BIM ne se limite d’ailleurs pas aux seuls bâtiments. Elle inclut également l’ensemble des acteurs de la construction, de l’exploitation et de la vie d’un bâtiment. Ainsi, le BIM concerne l’ensemble du cycle de vie d’un ouvrage, de sa conception à sa déconstruction.

Le BIM est fait pour vous
Ingénieurs, entrepreneurs, propriétaires, exploitants… ils font tous partie de la vie d'un ouvrage, et donc de l'écosystème BIM.
Une directive européenne est parue il y a quelques années incitant fortement les pays membres à déployer le processus BIM, notamment sur des projets publics. Si certains pays l’ont même rendu obligatoire sur un certain type de projets, ce n’est pas encore le cas de la France.
Dans ce cadre, de nouveaux métiers émergent, à l’image des BIM Managers et autres prestataires de synthèse en environnement BIM.

De la conception à la déconstruction
Le BIM vit au rythme des bâtiments. En effet, dès la conception, le BIM apporte de la valeur à un ouvrage.
Le BIM, un écosystème collaboratif pensé pour le bâtiment et ses usagers
Détaillons l’apport de valeur du BIM en phase d’exploitation. Partie intégrante du smart building, le BIM doit être compris comme une mise en commun de l’ensemble des données du bâtiment (référentiel patrimonial, GTB, GMAO, IoT, etc.) autour d’une plateforme unique. Il s’agit de données statiques, issues de la maquette, et de données dynamiques, provenant de l’exploitation. Ces datas sont rendues accessibles à tous les acteurs du site et contextualisées sur des environnements 2D et 3D (maquettes numériques du bâtiment). Équipements, réseaux de tuyaux masqués sous les faux-plafonds, par exemple, mobilier et réseaux électriques sont localisables en un coup d’œil. Ainsi, ces informations permettent des interventions techniques plus rapides, plus efficaces et plus précises.
Exploiter son ou ses sites sous BIM revêt de nombreux avantages
Tout d’abord, la récolte des données et leur mise en commun lui fournit une connaissance exacte de son patrimoine, mais aussi une meilleure compréhension. En effet, l’environnement 3D permet de se projeter et de mieux mesurer les enjeux d’un bâtiment.
Ensuite, le BIM en exploitation assure au propriétaire la valorisation de son bien. Maintenance prédictive, économies d’énergies, amélioration de la performance globale… grâce au BIM, son patrimoine est optimisé.
Enfin, toutes ces données servent également à assurer le confort des occupants du bâtiment (température, hygrométrie, qualité de l’air intérieur, etc.) auxquels il peut permettre d’offrir de nouveaux services !
Un véritable écosystème alimenté par de multiples sources, travaillant au service du bâtiment mais aussi des occupants qu’il abrite !

ENTRETIEN avec Matthieu Ferrua
Directeur du département "BIM Factory France", ENGIE Solutions
Comment définiriez-vous la vision du BIM chez ENGIE Solutions ?
Nous voyons le BIM comme un puissant outil de création de valeur pour nos clients. D’abord parce qu’il accompagne le bâtiment de sa conception à sa démolition. À chaque étape de sa vie, le BIM apporte une valeur au bâtiment et à toutes ses composantes. L’écosystème BIM est le trait d’union entre les données et leur valorisation, car il permet de donner au recueil de la data tout son sens. Avec le BIM, les bâtiments et les ouvrages entrent dans l’ère du big data, de la maintenance prédictive à la fourniture de nouveaux services en passant par une meilleure gestion des risques, la base de données BIM est porteuse d’innovation au sens large pour ses acteurs et ses occupants. Car si cela fait 10 ans que l’on parle du BIM, il ne cesse d’évoluer et d’apporter des solutions créatives pour donner vie aux bâtiments.
Comment êtes-vous organisés pour approcher toutes ces problématiques ?
La BIM Factory est une partie de l’entité ENGIE Solutions Digitales. Aujourd’hui, elle rassemble des profils très divers : ingénieurs, architectes, développeurs informatiques, infographistes, BIM managers, data analystes… Les BIM managers sont en charge de cadrer et d’organiser les échanges entre les différents acteurs d’un projet ou d’un bâtiment et de structurer les process. Les développeurs, quant à eux, gèrent la conception et le développement des outils d’exploitation, de maintenance, le lien entre les données et leur utilisation. Nous sommes 150 personnes aujourd’hui, 150 experts dédiés au BIM, mais nous sommes toujours en recherche de nouvelles compétences, de personnes motivées et ouvertes d’esprit ! Des synergies évidentes se créent entre les différentes équipes digitales pour créer de nouveaux services et mettre nos expertises au profit des projets de nos clients.
Justement, quels sont les types de projets auxquels vous participez ?
Nous adressons tous les types de projets, du « standard » avec une trentaine de logements au projet emblématique comme des tours, par exemple, en passant par les grands équipements et sites industriels – en France et à l’international. Je pourrais vous citer les exemples de la Fondation Louis Vuitton, le métro de Doha ou encore le bâtiment de Logements Etudiants de Villejuif, premier ouvrage certifié « as built »*. Aussi, nous aidons les donneurs d’ordres, qu’ils soient promoteurs, foncières ou institutionnels, à développer et à structurer le BIM dans leurs entités pour qu’ils se l’approprient au mieux et qu’ils en tirent l’ensemble des avantages.
Avez-vous des exemples en tête ?
Je pourrais vous citer le projet Urban Garden, le futur siège lyonnais d’ENGIE sur lequel nous accompagnons le maître d’œuvre et le maître d’ouvrage sur une mission de synthèse technique et de BIM management. Intégrer nos missions sur le projet a permis de gagner en temps, en coût, et qualité pour les études et les travaux, et de sensibiliser l’ensemble des acteurs à l’intérêt du travail collaboratif et des maquette numériques. Nous avons également été retenus par Nexity pour les accompagner dans le développement et le déploiement du BIM pour leurs métiers, sur l’ensemble de leurs filiales. Ces deux exemples traduisent bien notre ambition : faire avancer nos équipes et nos clients à travers nos expertises et nos services.
Pour finir, quelles sont les limites du BIM ?
Le « terrain de jeu » du BIM n’est pas encore vraiment balisé, les possibilités sont donc infinies ! Le principal challenge réside aujourd’hui dans la sensibilisation de nos clients, qui pensent souvent que ces nouveaux services au bâtiment sont chers. Un frein que l’on lève assez simplement en démontrant la valeur ajoutée de ces services : de la programmation, jusqu’à la livraison, ou encore, sur la performance d’un bâtiment, d’un parc immobilier. Il s’agit de relativiser le coût de la mise en place de l’écosystème BIM, quand on sait que 75% du coût d’un ouvrage interviennent pendant son exploitation. Optimiser les dépenses énergétiques, de maintenance, de service à l’usager apparaît ainsi évidemment avantageux sur la durée. Une fois ces freins levés, plus de limite ! Nous avons même répondu à un concours de la NASA pour un potentiel habitat sur Mars !
Merci Matthieu !
*« Tel que construit », qui consiste à évaluer l’adéquation entre la maquette numérique réalisée à la conception et l’ouvrage construit

Industrie 4.0 : les données au service des industriels
De données, ou data, et en grande quantité, il en est question dans le BIM, mais aussi dans l’industrie 4.0, la nouvelle révolution industrielle. Dans le contexte de l’industrie 4.0, les données sont générées par plusieurs et diverses sources comme les équipements, les personnes, les infrastructures et des capteurs. Grâce à des technologies comme le RFID (Radio Frequency Identification) et l’Internet of Things (IoT), la récolte des données est simplifiée et automatisée. Ces technologies permettent, par exemple, de suivre un produit depuis sa création à la fin de sa vie, et même de le relier à son fabricant.
Sur un site de production, la data permet le contrôle de la qualité des produits tout le long des lignes de fabrication. Une fois exploitées, ces données présentent un énorme potentiel dans la gestion des produits, des stocks, des flux, du transport, mais aussi la maintenance industrielle prédictive et préventive (anticipation des pannes).
Enfin, modéliser ou « bimiser » un outil de construction dans un process industriel peut permettre son optimisation en termes de qualité et de rapidité.
Vous l’aurez compris, la récolte et l’analyse des données dans un écosystème digital permet d’être plus souple, plus rapide, et d’offrir des produits de meilleure qualité, à un meilleur coût de production !

Du BIM au CIM
Et si on intégrait intelligemment le bâtiment dans son environnement ?
Dessiner le futur du smart building et de la smart city.
Le monde du bâtiment était jusqu’à présent relativement épargné par les grandes révolutions, mais il se trouve aujourd’hui à la convergence de ces grandes mutations technologiques, démographiques et environnementales. Le bâtiment entre dans l’ère du numérique, encouragé par les avancées technologiques, les changements sociétaux et les exigences nationales sur le plan écologique. Cette révolution change la façon de concevoir le bâtiment, de le construire, de l’exploiter, de l’utiliser, mais aussi la ville qui l’entoure. Et le BIM est très logiquement un des acteurs principaux de cette mutation.
Du BIM au CIM, quels sont les défis de la smart city ?
Il s’agit également de penser le bâtiment dans son environnement et d’intégrer intelligemment le smart building dans la smart city. C’est le CIM, pour City Information Modeling. Les principaux challenges de la smart city seront d’ordre économiques, énergétiques, sécuritaires et routiers. Et les solutions offertes par l’exploitation de la donnée sont infinies. À l’échelle d’un quartier ou d’une ville tout entière. Et si l’écosystème BIM permet le partage et la valorisation de datas au service des gestionnaires, parties prenantes et occupants d’un bâtiment, le CIM met la donnée au service de tout usager urbain.
Créer de la valeur patrimoniale, proposer de nouveaux services, optimiser les dépenses d’énergie et rendre les bâtiments vivants, évolutifs et adaptés à leurs occupants et leurs usages… Autant de défis auxquels tente de répondre le BIM, qui permet au monde du bâtiment de faire un grand pas vers le futur.