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L’hydrogène vert trace son chemin en territoires dans la transition énergétique

Alors que s’ouvrent les Journées Hydrogène dans les territoires à Dijon, qui vient d’inaugurer l’ambitieux projet Dijon métropole Smart EnergHy qui réduit dès cette année de 1000 tonnes les émissions de CO2, la filière doit conjuguer ses premiers succès au service de la décarbonation de l’industrie et de la mobilité avec une forme d’impatience des acteurs. A l’image d’autres facettes de la transition énergétique, il apparait plus que jamais nécessaire de donner du temps à ce secteur marqué par les aléas inhérents à un développement technologique rapide.

Stratégie et défis de l'hydrogène vert

Florian Chevallie

Par Florian Chevallier, Directeur Général d’ENGIE Solutions Hydrogène

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    En quoi l’hydrogène vert a-t-il sa place dans la transition énergétique ?

    Décarboné, flexible et complémentaire à d’autres ressources, l’hydrogène vert est aujourd’hui un élément stratégique de la transition énergétique des territoires et sera à moyen terme une composante indispensable du mix énergétique. L’hydrogène est utilisé depuis de nombreuses années dans l’industrie, cependant il s’agit à plus de 95% d’hydrogène gris produit à partir de méthane et donc émetteur de carbone. Il y a par conséquent un verdissement à opérer, notamment dans des activités pour lesquelles l’électrification directe n’est pas possible comme la sidérurgie, l’aciérie ou la cimenterie, autant de secteurs qui nécessitent une énergie puissante pour produire durablement la flamme chaude nécessaire à leurs process industriels. 

    L’hydrogène est aussi une piste privilégiée pour relever les défis de la mobilité durable. Le transport maritime, ferroviaire et aérien ne peut assurer une transition vers le tout électrique. L’émergence des carburants de synthèse, les e-fuels, confirme l’importance d’un gisement d’hydrogène vert indispensable à sa production. Responsables de 32 % des émissions de carbone en France*, les transports englobent aussi des services connexes à décarboner. C’est le cas des activités aéroportuaires au sol. Voulue par la Région Occitanie, mise en service fin 2023 à l’aéroport de Toulouse Blagnac, la station HYPORT produit un hydrogène vert qui alimente les tracteurs d’avion, les groupes électrogènes nécessaires à la préparation au sol des appareils et les navettes de voyageurs : une première en Europe. 

    Le besoin de longues plages d’autonomie et l’utilisation intensive de certaines flottes de véhicules rendent l’hydrogène attractif pour de nombreux cas d’usage. Il en va de même pour la mobilité lourde, notamment pour les véhicules ayant de forts besoins de puissance pour les grosses cargaisons et les longues distances.

    L’hydrogène est par ailleurs l’une des clés de l’accélération du développement des énergies renouvelables, en particulier le solaire et l’éolien. Avec sa capacité de stockage, il évite toute perte de production d’électricité verte non consommée en temps réel tout en apportant une flexibilité sur le réseau. Compte tenu du contexte géopolitique international, du coût de l’énergie et des tensions sur les marchés, la sécurisation des approvisionnements et la chasse au gaspillage énergétique sont des priorités auxquelles l’hydrogène apporte une réponse de choix. 

    Comment définir les grands défis à relever pour la filière dans les années à venir ?

    Comme pour toute technologie ou innovation de rupture, la trajectoire est complexe. Il ne faut pas oublier que l’essor des énergies renouvelables et de la mobilité électrique a nécessité des dizaines d’années. Technologie par certains aspects encore pionnière, l’hydrogène suit un chemin parallèle en avançant dans son développement, et son industrialisation. Comme toujours, il ne faut pas confondre vitesse et précipitation et laisser du temps à la filière. C’est précisément maintenant qu’il faut la soutenir pour lui permettre de transformer les premiers essais marqués. 

    Le second défi majeur est technologique. Il s’agit de poursuivre les efforts engagés pour gagner en performance et en compétitivité. Cela passe par la standardisation des process de production et de distribution. 

    Enfin, la filière doit continuer à faire la preuve de la pertinence de son modèle économique à travers la densification du réseau, indispensable pour créer un cercle vertueux et encourager le développement de véhicules. C’est notamment le principe des corridors au service de la mobilité lourde avec un maillage de stations de distribution, comme en région Auvergne-Rhône-Alpes avec le réseau Hympulsion au service du projet Zero Emission Valley. 

    La création d’écosystèmes territoriaux via des partenariats public-privé est une approche pertinente avec des partenaires industriels capables de maîtriser la production et la distribution et des flottes de collectivités qui contribuent à sécuriser les usages et réduire le risque d’investissement. Les installations existantes peuvent alors continuer à se développer en fournissant des acteurs économiques locaux supplémentaires, industriels ou autres. L’inauguration ce 24 juin du projet DMSE - Dijon métropole Smart EnergHy, qui alimentera à terme les 170 bus de la métropole et les trois-quarts des bennes à ordures, confirme la pertinence de l’hydrogène vert pour ces usages spécifiques. C’est également le cas à Blagnac, où la production trouve des débouchés complémentaires chez Airbus et d’autres acteurs privés locaux. 

    Comment voyez-vous l’avenir pour l’hydrogène vert ?

    Très positivement. Les défis sont identifiés. Les leviers aussi. La filière passe de l’adolescence à l’âge adulte à l’instar du chemin parcouru pendant plus de 30 ans par les pionniers des énergies renouvelables et de la mobilité électrique. La recette à suivre passe par l’engagement et la mobilisation de tous les acteurs, dans la durée, y compris au niveau des subventions. Cette constance doit se manifester à un triple niveau : dans une volonté politique assumée, dans la stabilité normative et réglementaire et sur le plan financier. C’est ce qui permettra à la filière de réussir à s’imposer durablement comme un élément structurant de la transition énergétique. 

    Chacun doit prendre sa part. C’est le cas des industriels comme ENGIE Solutions qui peuvent compter sur la contribution précieuse de start up, d’universités et d’organisations comme le CEA pour optimiser les technologies actuelles et imaginer celles de demain. Les gains de productivité observés dans l’énergie solaire ou éolienne sont une réalité. Il en sera de même pour l’hydrogène vert. Déjà, la densification et l’industrialisation combinées à des innovations technologiques confirment une augmentation des rendements associée à une baisse du coût de l’énergie. 

    Hyflexpower communiqué de presse

    Les perspectives sont là, elles aussi. Fin 2023, pour la première fois au monde, un consortium international, auquel participe ENGIE, Hyflexpower, a réussi à alimenter une turbine à gaz avec de l’hydrogène vert, ouvrant la voie à des applications industrielles novatrices. D’autres innovations comme l’hydrogène vert à l’état liquide offrent des bénéfices multiples. Meilleure autonomie, moindre encombrement, facilité de stockage sont autant d’atouts pour l’hydrogène liquide qui commence son développement. Les liquéfacteurs existent et les premiers prototypes sont lancés. La filière n’a pas fini de surprendre pour asseoir son rôle et contribuer à relever le défi climatique par la décarbonation de notre modèle. 

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    * Source : Commissariat Général au Développement Durable, décembre 2023 (plus d’information)

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